ESPE : discours de rentrée à pleurer

JPhMM a écrit:Première question : un bon prof est-il nécessairement un prof bon ?

Moi, je suis trop bonne

teobaldo a écrit:

philopoussin a écrit:Ici, cet après midi, il a fallu émarger. Une stagiaire qui s'était excusé de son absence pour raison personnelle a été condamnée par l'IPR pour son manque de professionnalisme. Je n'en dirais pas plus, parce qu'on n'est pas en restreint. Mais j'ai eu envie de pleurer.

  L'ESPE, haut lieu de harcèlement moral. Et ces démolisseurs payés par nos impôts. Oui, il y a de quoi pleurer.

Surtout que les stagiaires n'ont pas signé de contrat à cette date, qu'ils ne sont pas salariés, qu'ils viennent à titre gracieux et que l'institution n'a rien à exiger d'eux. Cet inspecteur devrait se trouver devant un tribunal pour travail forcé et chantage à l'embauche.

Il faudrait que nos chers syndicats se décident à bouger un minimum leurs augustes postérieurs, au lieu de distribuer leurs goodies à la noix.

Je ne sais pas dans quelle mesure les formateurs sont au courant. Quand j'ai dit à une de mes formatrices que nous n'étions pas payés, celle ci m'a dit que si nous étions payés mais que ce le serait en septembre. J'ai l'impression qu'elle avait l'air sincèrement convaincue que c'était le cas...

Ça commence bien, deux jours passés à l'ESPE et je n'en peux déjà plus de leur discours pédagogiste à la noix!
Rassurez-moi, si dans deux ans je passe l'agreg, je serai de nouveau "stagiaire" ? Je devrai me retaper de nouveau leur baratin à l'ESPE ?

Bon : l'ESPE, c'est comme l'IUFM en pire, à vous lire.

Pour ceux qui ont connu l'IUFM, on nous servait la même soupe. Pour résumer : raser les murs; courber l'échine et surtout pas de vagues.

Bien sûr, si les élèves ne comprennent rien, c'est la faute du professeur et s'ils comprennent, c'est qu'ils sont intelligents, donc ce n'est pas grâce au professeur.

S'ils envoient les stagiaires en lycée ou dans un bon collège, on leur dit : "Si tu n'y arrives pas ici, comment feras-tu en ZEP?" et si stagiaires sont envoyés en ZEP et qu'ils sont difficulté (ce qui est normal), on leur fait comprendre qu'ils ne sont pas faits pour le métier. C'était déjà à hurler!

Quant aux discours "zen", je comprends maintenant pourquoi, en entrant dans la salle de la stagiaire de lettres,l'année dernière de lettres, pour un problème de clé, elle faisait écouter de la musique "zen" aux élèves de 6ème en leur disant de "lire le texte tranquillement car il y avait la musique (sic)". :shock:

Mais pourquoi pas, un bon tuteur ou une bonne tutrice pour une année de stage à 9H00 et basta?

Chez nous, on nous a clairement dit qu'il s'agissait d'une "invitation": nous ne serons pas payés et nous ne sommes pas encore stagiaires comme il a été dit plus haut.
Par contre, on nous a vite fait comprendre que tout stagiaire "consciencieux" se devait de venir. Et, évidemment, une liste d'émargement circule le matin et l'après-midi.

J'apprécie le caractère innovant de leurs invitations.

kyralina a écrit:Bon : l'ESPE, c'est comme l'IUFM en pire, à vous lire.

Pour ceux qui ont connu l'IUFM, on nous servait la même soupe. Pour résumer : raser les murs; courber l'échine et surtout pas de vagues.

Je ne suis pas certain. Quand j'étais à l'IUFM, nous étions une poignée à dire ce qu'on pense, parfois de façon assez directe. Je peux te dire, en parlant de moi et de ceux que j'ai revus, que nous sommes aujourd'hui plutôt pris au sérieux par l'IPR. Autour de moi, ceux qui en bavent, qui ont des EdT nazes, qui se prennent des remarques méprisantes dans la gueule, ce sont ceux qui s'écrasent. Un peu de grande gueule et les choses se passent autrement.

Cebra a écrit:
Par contre, on nous a vite fait comprendre que tout stagiaire "consciencieux" se devait de venir. Et, évidemment, une liste d'émargement circule le matin et l'après-midi.

Et alors? ils en font quoi de leur émargement? Si le stage se passe bien, tu seras titularisé et cette liste sera oubliée d'ici deux jours. Si le stage se passe mal ils auront d'autres raisons de ne pas titulariser que cette liste.

Stench: oui, je sais bien qu'elle finira rapidement au fond d'une corbeille et qu'elle ne menace la titularisation de personne vu que personne n'est encore stagiaire. C'est juste que faire passer une liste d'émargement et ensuite parler d'invitation... Ca me fait sourire.

Et pourquoi les stagiaires l'ont-ils signé ?

ysabel a écrit:Et pourquoi les stagiaires l'ont-ils signé ?

D accord avec toi. Mais c'est la commune histoire du "je sème la peur et je vois qui obéit"

Parce que tu vas revoir les formateurs toute l'année et tu préfères te faire remarquer par une superbe interprétation du prof qui se présente aux élèves plutôt que par un refus de signer.

Parce que certes il y a les réunions d'accueil mais que la formation a vraiment débuté.

Parce que tu t'ai fait ch... à y aller alors tu le dis.

Parce que c'est aussi le prétexte pour vérifier qu'ils ont bien ton adresse mail et que tu n'as pas envie de rater s'infos (notamment sur le calendrier très obscur : on apprend le matin nos horaires du jour et le lieu d'enseignement)

kyralina a écrit:Bon : l'ESPE, c'est comme l'IUFM en pire, à vous lire.

Pour ceux qui ont connu l'IUFM, on nous servait la même soupe. Pour résumer : raser les murs; courber l'échine et surtout pas de vagues.

Bien sûr, si les élèves ne comprennent rien, c'est la faute du professeur et s'ils comprennent, c'est qu'ils sont intelligents, donc ce n'est pas grâce au professeur.

S'ils envoient les stagiaires en lycée ou dans un bon collège, on leur dit : "Si tu n'y arrives pas ici, comment feras-tu en ZEP?" et si stagiaires sont envoyés en ZEP et qu'ils sont difficulté (ce qui est normal), on leur fait comprendre qu'ils ne sont pas faits pour le métier. C'était déjà à hurler!

Quant aux discours "zen", je comprends maintenant pourquoi, en entrant dans la salle de la stagiaire de lettres,l'année dernière de lettres, pour un problème de clé, elle faisait écouter de la musique "zen" aux élèves de 6ème en leur disant de "lire le texte tranquillement car il y avait la musique (sic)". :shock:  

Mais pourquoi pas, un bon tuteur ou une bonne tutrice pour une année de stage à 9H00 et basta?

Je mets souvent de la musique en classe lorsque mes élèves doivent travailler en coopération. Je leur dis que le niveau sonore global ne doit pas dépasser la musique. Je choisis trois musiques liées à l'époque, je les mets en boucle et c'est parti. Le pire est que ça fonctionne.

Après, il faut la boucler à l'IUFM/ESPE. Sinon, on le paie cher.

Parce qu'ils trouvent ça "normal". (tout comme d'autres choses que j'ai développé dans le fil des stagiaires 2015). Je dois avouer avoir signé aussi, sans trouver ça normal toutefois. Mais je n'ai pas envie de me faire remarquer à l'année pour une simple liste à la noix.

D'ailleurs, hier soir, je trouvais ma réaction face aux discours de l'ESPE/ l'amputation des congés/ la charge de travail qui m'attend alors que j'ai déjà le M2 MEEF disproportionnée et j'en culpabilisais... La majorité des stagiaires de mon académie semblent trouver ça "normal", "ont l'habitude" etc. Mais ça ne marchera pas avec moi.

Cebra a écrit:Parce qu'ils trouvent ça "normal". (tout comme d'autres choses que j'ai développé dans le fil des stagiaires 2015). Je dois avouer avoir signé aussi, sans trouver ça normal toutefois. Mais je n'ai pas envie de me faire remarquer à l'année pour une simple liste à la noix.

D'ailleurs, hier soir, je trouvais ma réaction face aux discours de l'ESPE/ l'amputation des congés/ la charge de travail qui m'attend alors que j'ai déjà le M2 MEEF disproportionnée et j'en culpabilisais... La majorité des stagiaires de mon académie semblent trouver ça "normal", "ont l'habitude" etc. Mais ça ne marchera pas avec moi.

Tu es une rebelle ! Bravo

Et concernant le bon tuteur c'est délicat. Qu'entend on par bon tuteur ? C'est déjà compliqué poir certains d'avoir un tuteur tout court ou un tuteur dans l'établissement. J'aime bien ma tutricepour l'instant notamment parce qu'elle est très présente pour le moment même si ça me pose des difficultés pour construire mes cours. D'autres veulent que leur tuteur leur fiche la paix.

Un type de mon groupe m'a dit que tous les profs de son établissement mettaient tous leurs cours en commun sur une base de données et qu'ils faisaient tous le même cours. Il y a accès. Il a ses cours pour toute l'année.

Tecamac a écrit:
Un type de mon groupe m'a dit que tous les profs de son établissement mettaient tous leurs cours en commun sur une base de données et qu'ils faisaient tous le même cours. Il y a accès. Il a ses cours pour toute l'année.

Pour moi, c'est une bonne vision de l'enfer. Franchement, tu l'envies? C'est un rêve du ministère, ça, avoir une base de données et pouvoir placer n'importe qui devant les élèves pour réciter ce qu'on lui donne. Le seul plaisir que j'ai à ce job c'est de faire mes cours et de me cultiver en le faisant.

Totalement d accord un des plaisirs de ce métier c est l autonomie et de pouvoir se faire plaisir. Mais cela vient en effet accompagner à mon sens la transformation que l on veut donner à ce métier.

Elyas a écrit:

kyralina a écrit:Bon : l'ESPE, c'est comme l'IUFM en pire, à vous lire.

Pour ceux qui ont connu l'IUFM, on nous servait la même soupe. Pour résumer : raser les murs; courber l'échine et surtout pas de vagues.

Bien sûr, si les élèves ne comprennent rien, c'est la faute du professeur et s'ils comprennent, c'est qu'ils sont intelligents, donc ce n'est pas grâce au professeur.

S'ils envoient les stagiaires en lycée ou dans un bon collège, on leur dit : "Si tu n'y arrives pas ici, comment feras-tu en ZEP?" et si stagiaires sont envoyés en ZEP et qu'ils sont difficulté (ce qui est normal), on leur fait comprendre qu'ils ne sont pas faits pour le métier. C'était déjà à hurler!

Quant aux discours "zen", je comprends maintenant pourquoi, en entrant dans la salle de la stagiaire de lettres,l'année dernière de lettres, pour un problème de clé, elle faisait écouter de la musique "zen" aux élèves de 6ème en leur disant de "lire le texte tranquillement car il y avait la musique (sic)". :shock:  

Mais pourquoi pas, un bon tuteur ou une bonne tutrice pour une année de stage à 9H00 et basta?

Je mets souvent de la musique en classe lorsque mes élèves doivent travailler en coopération. Je leur dis que le niveau sonore global ne doit pas dépasser la musique. Je choisis trois musiques liées à l'époque, je les mets en boucle et c'est parti. Le pire est que ça fonctionne.

Après, il faut la boucler à l'IUFM/ESPE. Sinon, on le paie cher.

L'idée est géniale!

Je mets souvent de la musique en classe lorsque mes élèves doivent travailler en coopération. Je leur dis que le niveau sonore global ne doit pas dépasser la musique. Je choisis trois musiques liées à l'époque, je les mets en boucle et c'est parti. Le pire est que ça fonctionne.


Quelles musiques mets-tu Elyas ?

Elyas a écrit:

Tu es une rebelle ! Bravo

Non, juste pas d'accord avec ce que l'on m'impose.
Je suis désolée si mes propos vous ennuient, je crois que je vais tenter d'éviter la casse en silence, je ne veux ni froisser personne ni m'attirer les foudres de l'ESPE. Ca ne vaut pas le coup de payer cher (comme tu le dis toi-même) ou d'avoir une "grosse boule au ventre" à cause de cette histoire.

Sophie38 a écrit:Je mets souvent de la musique en classe lorsque mes élèves doivent travailler en coopération. Je leur dis que le niveau sonore global ne doit pas dépasser la musique. Je choisis trois musiques liées à l'époque, je les mets en boucle et c'est parti. Le pire est que ça fonctionne.


Quelles musiques mets-tu Elyas ?

Cela dépend. Je ne me mets pas de règle sauf celle d'essayer de coller au thème. Je prépare un plan de travail sur le Brésil pour mes 4e, là, je sens que ça va être de la samba, par exemple. Je suis triste, pas de 5e, donc plus de musique de troubadours

Non je ne l'envie pas mais ça enlève quand même un gros stress. J'avais fait une séquence (islam), ma tutrice l'a retoquée. Je galère à faire ce qu'elle me dit mais c'est formateur. En plus, je pars sur des trucs que j'aurais préféré autres. Je me dis que l'an prochain je ferai ce que je veux

En revanche d'autres n'ont pas leurs niveaux. Vu comme les premiers cours sont longs à monter, je te raconte pas l'angoisse pour les premières heures....

Elyas a écrit:

Sophie38 a écrit:Je mets souvent de la musique en classe lorsque mes élèves doivent travailler en coopération. Je leur dis que le niveau sonore global ne doit pas dépasser la musique. Je choisis trois musiques liées à l'époque, je les mets en boucle et c'est parti. Le pire est que ça fonctionne.


Quelles musiques mets-tu Elyas ?

Cela dépend. Je ne me mets pas de règle sauf celle d'essayer de coller au thème. Je prépare un plan de travail sur le Brésil pour mes 4e, là, je sens que ça va être de la samba, par exemple. Je suis triste, pas de 5e, donc plus de musique de troubadours

J'accueillais les 5è avec des musiques de troubadours quand on travaillait la vie des seigneurs. Mais je n'ai jamais pensé à mettre une musique de fond pour les travaux de groupe. Une idée que je vais creuser ...
Que mettrais-tu pour un travail de groupe HdA sur Vernet, le port de Bordeaux ? sur la mondialisation ?
Et sur l'Islam par exemple ...

Avant de partir pour faire les mille et une choses avant la rentrée (alors que je n'ai toujours pas reçu la lettre de pré-rentrée), je tiens à répondre sans acrimonie aucune:

-A Stench, j'ai connu des stagiaires à l'IUFM qui disaient ce qu'ils pensaient. Selon les disciplines, certain(e)s ont été puni(e)s et d'autres écouté(e)s. Mais le discours de l'IUFM était celui que je relatais plus haut. Je sais qu'il y a eu des exceptions aussi qui ont confirmé la règle.

-Pour moi un bon ou une bonne tutrice, c'est un(e) collègue volontaire et bien payé qui sait ce dont a besoin un ou une professeur(e) qui débute : une programmation à faire ensemble, des cours à préparer ensemble, disponible et indulgent envers le professeur qui débute en l'apaisant et en lui donnant les clés pour survivre dans l'EN. Mon tuteur était comme ça. Il est devenu un ami avec le temps. J'ai continué à lui demander des conseils.

- Mettre un peu de musique pour calmer les élèves peut être une méthode pédagogique comme les autres. Chacun fait ce qu'il veut, surtout quand on est professeur depuis quelques années. Mais obliger les stagiaires à utiliser ces techniques en leur faisant croire que ça résout tous les problèmes de discipline en ZEP, là j'adhère beaucoup moins, surtout lorsque les ESPE leur demandent de ne pas punir ou je ne sais quelle autre bêtise de ce genre. Ou pire les culpabilisent de le faire.

Je dois bien ajouter qu'en créant mon rôle de "professeure super méchante", au final, je ne punissais pratiquement plus les élèves (Ils se pliaient aux règles que j'incarnais et je discutais beaucoup avec eux aussi) et je n'excluais que très rarement (quand un exclu se retrouvait exclu de mon cours, il n'en menait pas large devant le CPE!) dans un collège de la banlieue Nord du 93. Mais ce furent des années de pratique, de travail et d'expérience.

Pour terminer sur une note un peu apaisante pour les professeurs stagiaires, ne vous inquiétez pas : vous allez vous en sortir comme nous les plus âgés expérimentés. Restez calmes et sereins : vous êtes plus vieux que les élèves, vous avez réussi un des concours les plus difficiles de la fonction publique, vous en savez plus que les élèves et en plus, vous êtes jeunes et enthousiastes. Le reste viendra avec le temps.

Si vous ne pouvez pas parler (peur de parler) aux ESPE, il y a plein de gens sur le forum qui pourront vous aider sans vous juger. C'est la magie d'Internet.

stench a écrit:

Tecamac a écrit:
Un type de mon groupe m'a dit que tous les profs de son établissement mettaient tous leurs cours en commun sur une base de données et qu'ils faisaient tous le même cours. Il y a accès. Il a ses cours pour toute l'année.

Pour moi, c'est une bonne vision de l'enfer. Franchement, tu l'envies? C'est un rêve du ministère, ça, avoir une base de données et pouvoir placer n'importe qui devant les élèves pour réciter ce qu'on lui donne. Le seul plaisir que j'ai à ce job c'est de faire mes cours et de me cultiver en le faisant.

Pour moi ce serait un désastre complet. Absence d'originalité, de pensée, de spontanéité, dépersonnalisation. C'est la boîte à caca.

Mais il est vrai que c'est peut-être le rêve de certains idéologues numéristes de nous réduire à une vidéo sur un écran...

Ce qui est marrant, c'est le nombre de collègues qui creusent leur propre tombe en sifflotant.